A6K-E6K, l’incubateur d’entreprises spécialisé dans le monde du numérique et de la technologie, organisait ses portes ouvertes ce mercredi à Charleroi. De nombreux partenaires privés ou publics y étaient présents, issus de l’industrie, des start-ups, du monde de la recherche et de l’innovation. Le Cyber Command y était naturellement représenté avec des spécialistes de la DG HR et du SGRS puisqu’il a ouvert sur son site la « Cyber Defense Factory » le 16 avril de cette année. L’occasion de faire le point sur ce partenariat avec le patron d’A6K-E6K, monsieur Abd-Samad Habbachi.
Dans le cadre de vos portes ouvertes vous avez lancé un grand appel aux candidats dans la presse, principalement en ce qui concerne les personnes non qualifiées. Avez-vous rencontré le succès espéré ?
« C’est très encourageant même si nous ne sommes qu’en début d’après-midi. Mais pour l’instant le résultat est en train de dépasser nos attentes. On a été étonnés par le nombre d’inscriptions : près de 1000 et 200 ingénieurs qui veulent rencontrer des entreprises. Aujourd’hui on met effectivement l’accent sur la formation parce qu’on est convaincus que ces formations qui sont souvent assez courtes permettent aux personnes en voie d’émancipation de trouver leur chemin vers l’emploi ».
Quel est le profil du visiteur aujourd’hui ?
« Nous sommes très surpris par la diversité des profils. On a des jeunes entre 16 et 18 ans, des personnes plus mûres, parfois proches de 60 ans qui veulent acquérir de nouvelles compétences ».
Quel est le candidat que vous recherchez ?
« Les seules qualités qu’on demande c’est la motivation et la rigueur. A partir du moment où la personne est dans une démarche personnelle de recherche de solution, c’est le profil qu’on recherche. C’est vrai que nous avons une préférence pour les dames pour rééquilibrer leur sous-représentation dans le domaine de la technologie. Avoir des accointances avec le numérique et la technologie, je dis souvent « technophile » c’est évidemment un avantage. Mais nous n’avons aucun à-priori, au contraire nous voulons justement casser les préjugés sur cet univers ».
Quel est le rôle du Cyber Command dans votre écosystème ?
« Chez nous, la position du Cyber Command est extrêmement importante et ce à trois niveaux. Le premier c’est la vision partagée que nous avons qui est la mission d’accompagner le citoyen dans son émancipation personnelle via la valorisation des compétences. Et ça c’est la dimension E6K où le Cyber Command est extrêmement actif. Il y a des exemples formidables avec le CPAS et BeCode où nous sommes ravis. Le deuxième niveau, c’est de démontrer que les partenariats publics-privés fonctionnent. Notre compréhension de la Défense et du Cyber Command en particulier était la difficulté à s’intégrer dans le tissu socio-économique. Et enfin, là où j’ai des étoiles dans les yeux c’est le niveau de connaissance du Cyber Command. Je pensais que les entreprises privées reconnues mondialement possédaient chez elles les perles et je suis à chaque fois choqué -dans le bon sens du terme- par l’excellence et la qualité des membres de son personnel ».
Si je vous entends bien nous sommes partis pour un partenariat sur le long terme ?
« J’espère que ce partenariat durera toute la vie du Cyber et d’A6K ! C’est plus qu’un mariage c’est une union. Mais il y a néanmoins des challenges devant nous : comment trouver les chemins d’opérationnalisation de nos intentions ? Nous avons parfois des difficultés régulatoires, en termes d’agilité, qui ne nous permettent pas toujours de réaliser nos désirs aussi vite qu’on le souhaite ».
A quoi pensez-vous ?
« Par exemple il y a des start-up qui pourraient renforcer la Défense. Mais cette dernière étant un organisme public il y a toute une inertie régulatoire – les marchés publics, les délais- qu’il est difficile d’intégrer dans les échelles temporelles du monde des start-up ».
Y a-t-il des projets concrets qui sont en développement entre les entreprises ou incubateurs d’entreprises et le Cyber Command ?
« Il y en a deux donc j’ai connaissance. Mais comme j’ai signé des accords de confidentialité avec ces entreprises je ne peux pas trop en parler. Je peux cependant vous dire que nous avons une à deux réunions structurantes par semaine avec vos services concernant les initiatives avec les start-up mais aussi avec d’autres organismes. Et en termes d’initiatives nous en sommes à minima à quatre à cinq par mois ».
Vous avez aussi évoqué le partenariat entre le SGRS et le CPAS de Charleroi. Le 20 août de l’année passée, ce dernier a été victime d’une cyberattaque de grande ampleur et le Cyber Command a permis de partager les rapports et les données de l’attaque avec les apprenants de BeCode. Que pensez-vous de cette collaboration ?
« C’est un projet exemplaire dans le sens qu’il permet de défendre les faibles. C’est aider des organisations publiques qui ne sont pas spécialement armées par rapport aux menaces actuelles dont elles ont été victimes à renforcer leur position. Et pas en amenant du personnel, mais en partageant l’expertise du Cyber Command et de RNB avec des apprenants de BeCode qui peuvent à leur tour aider ces organisations. C’est un triangle formidable. C’est typiquement un cas d’école où le Cyber Command vient structurer un partenariat entre trois organisations, amène ses connaissances, encadre le projet et de manière un peu opportuniste peut peut-être aussi déceler de potentiels talents. Donc tout le monde est gagnant ! ».
Bernard Van Hecke